Postes fractionnés : mon retour d’expérience !

L’année scolaire 2022-2023 aura marqué un grand changement professionnel pour moi puisque j’ai quitté la SEGPA connue dès les balbutiements de ma carrière, lors de mon année de T1 (sacré bizutage, n’est-il pas ?).

D’ailleurs, peut-être serait-il intéressant de vous expliquez pourquoi j’ai fait ce choix ? Cela n’a rien à voir avec l’objectif de l’article…Alors tentons d’organiser mes pensées en différentes parties, histoire de ne pas faire perdre de précieuses minutes à des enseignants besogneux du mot de septembre !

  1. Les raisons de mon départ de la SEGPA :

Elles sont multiples !

  • 45 km séparaient le collège où j’enseignais de mon domicile : perte de temps, d’argent et culpabilité écologique, bonsoir. Je vais aujourd’hui travailler en vélo et après un an d’expérimentation et plus de 2 500 km au compteur, je peux le dire, ça change la vie et les dispositions dans lesquelles on arrive au travail !
  • L’impression de m’ennuyer et de ne plus réussir à me renouveler, d’avoir perdu un peu d’envie.
  • L’incompatibilité entre mon poste en SEGPA et mon envie de devenir PEMF (malgré l’obtention du CAFIPEMF en 2021). On ne décharge pas une enseignante en SEPGA (je ne sais pas si c’est le cas dans toutes les académies et dans toutes les situations…. dans mon cas, cela a été refusé malgré le soutien de mon IEN) !
  • Des cohortes difficiles face auxquelles j’ai eu beaucoup de mal à faire cohabiter des élèves porteurs de troubles psychologiques et psychiatriques avec des besoins parfois opposés. Même en tant qu’enseignante spécialisée, mes compétences sont quand même principalement limitées au domaine de la didactique et de la pédagogie. Malgré les multiples tentatives de mise en place de dispositifs pédagogiques différents, j’avais l’impression de ne pas franchement pouvoir répondre aux besoins de tous les élèves. Accumulation de frustrations !
  • La dissonnance entre mes convictions personnelles et la réalité du terrain. Encore une fois, je ne parle que du contexte dans lequel j’ai enseigné. Je n’ai jamais compris les réels critères d’octroi de la SEGPA. Et surtout, le volet « social ». Sans mâcher mes mots et en grossissant certainement le trait, un élève multi-dys issu d’un milieu social porteur se trouvait scolariser dans l’ordinaire avec AESH et/ou équipement numérique. A l’inverse, pour des troubles similaires et les mêmes difficultés rencontrées mais venant d’un contexte socio-culturel moins favorable, la scolarisation en SEGPA semblait plus évidente… Pas très inclusif tout cela à mon sens… Je ne parle même pas des enfants placés en SEGPA en attente de places en ITEP, en IME, en procédure judiciaire (si, si !) … ça fait quand même un bon cumul de problématiques à gérer pour un enseignant seul face à ces 16 élèves !

2. Déboires de mouvement :

Je souhaitais donc (ré)enseigner dans l’ordinaire. La formulation n’est en réalité pas tout à fait exacte puisque je n’y ai effectué que mon année de PES ! J’ai demandé moultes écoles situées à une vingtaine de minutes de mon domicile (une soixantaine dont un bon tiers en REP+) et quelques postes de décharge (en espérant pouvoir être PEMF).

Raté 2 ans de suite pour le poste d’adjoint, ce sera donc un poste de « titulaire zone départementale d’ajustement » plus avantageusement qualifié de « décharge » !! 😉

Mauvais choix pour l’envie d’être PEMF : on ne décharge pas une décharge !

Ok, on retentera l’année prochaine, j’aurais peut-être enfin mon golden ticket !!

3. Mon organisation en tant que « décharge » :

Le gros avantage d’avoir testé la SEGPA est quand même d’avoir une adaptabilité à toute épreuve : double-niveau incongru (5ème-3ème ! ok why not ?), discipline improbable (éducation musicale en 3ème, allez ça va le faire !), modifications d’emploi du temps de dernière minute (toutes les semaines !), nouveaux élèves à inclure (très fréquent)…

Mais surtout la gestion de plusieurs classes !

Je prépare mes contenus d’une semaine sur l’autre. Concrètement, le lundi soir ou le lundi midi (quand les corrections sont lights) je m’attèle à la préparation du lundi suivant. Cela me permet de me rappeler exactement où nous en sommes et les besoins précis rencontrés par les élèves. S’en suit une petite relecture du cahier journal préparée la semaine d’avant pour le jour suivant et hop ça roule !

J’ai fait le choix de ne pas disperser mon matériel personnel à droite à gauche dans les différentes écoles. Quand j’ai besoin de quelque chose de précis, je l’apporte pour la journée. Sinon, on n’est pas franchement sûr de le retrouver. J’ai un sens du rangement parfaitement approximatif mais je suis petite joueuse à côté de certains collègues !! 😉

4. Pourquoi ce poste ne me convient pas du tout !

A moins de partir pour un co-enseignement durable, il est quand même difficile de mener ensemble de réelles réflexions pédagogiques. L’aménagement de la classe, l’emploi du temps, les disciplines enseignées sont souvent anticipés par le titulaire (ce qui me semble tout à fait logique). Et même quand la discussion est tout à fait possible, je ne me vois pas tellement remettre en question des choix ou des fonctionnements en place depuis des années.

J’ai besoin d’une grande indépendance pédagogique. Et c’est justement la construction et la mise en place de dispositifs pédagogiques variés qui me plaisent le plus dans notre métier.

Ceci dit, c’est une très bonne façon de prendre du recul sur ses pratiques, de se questionner sur ses choix et de tester d’autres fonctionnements qui a priori nous rebuteraient !

4. Les intérêts que j’y ai néanmoins trouvés

La possibilité de découvrir plusieurs niveaux, de tester différents fonctionnements d’école, de prendre connaissance de différents supports et matériels pédagogiques, de rencontrer de nombreux collègues !

Petit bonus pour ceux qui aiment bien les petites histoires : les collègues se confient facilement à la petite décharge qui n’est là qu’une fois par semaine (et qui accessoirement « se mange » beaucoup beaucoup de services de récréation)… Alors on compile les informations, et on devient vite détenteur des derniers scoops de la circo !! 😉

5. Ce que je vais changer cette année !

Essayer de mener quelques projets un peu plus aboutis autour de certaines séquences pédagogiques. Car oui, même en étant prof de géométrie, d’EPS, d’anglais et de vocabulaire, on peut trouver des points d’appui un peu sympas !

Améliorer mes séances d’EPS : je n’enseignais plus du tout l’EPS en SEGPA et OMG, le retour sur le banc de touche a été violent ! J’adore le sport mais c’est vraiment bien spécifique à enseigner. Et quand on déboule dans une école sans avoir plus que ça anticipé la préparation matérielle, ou qu’on est un peu approximatif dans ses consignes de travail…. ça peut vite tourner au carnage ! Alors retour aux fondamentaux, fiche de prep’ et cadre hyper ritualisé et ça devrait mieux rouler !

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Enseignante en SEGPA pendant 7 ans puis en cycle 3 depuis septembre, je partage ici le fruit de mon travail et de mes réflexions pédagogiques.

Un commentaire sur « Postes fractionnés : mon retour d’expérience ! »

  1. Bonjour,

    Que de péripéties pour exercer un métier que vous adorez. Je vous souhaite de réussir cette nouvelle aventure.

    L’éducation Nationale est Rationnelle et c’est pas demain que ça changera. Bon courage à vous. J

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